La Communauté du Gelano

Sadako Mar 18 Nov - 19:15

Chapitre I : De la création du Gelano

Il y a longtemps, bien longtemps, dans les cieux du Monde des Douzes...
Tout commenca le jour où Osamodas, dieu créateur s'il en est, se délectait paresseusement de quelques juteuses gelées, et s'en delectait d'autant plus qu'il commencait à en avoir mal au ventre. Il regardait d'un air ennuyé le petit monde d'Amakna, récemment éclos, croître et s'épanouir lentement, quand un léger mouvement détourna son attention : une gelée fraise avait subrepticement quitté la table pour tenter d'échapper à l'appetit du Dieu. De mauvaise humeur, et peu enclin à faire grâce à une friandise ayant trainé à terre, Osamodas se saisit de son marteau et l'abbatit aussi sec sur la malheureuse créature, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'au lieu du bruit spongieux et vaguement écoeurant qu'aurait du produire la gelée en perissant, retentit un tintement clair et aigu.
Intrigué, Osamodas releva son marteau, et découvrit qu'en dessous gisait un anneau. Il s'en saisit délicatement, le porta à ses yeux, le soupesa, et pour la première fois de la journée son visage se fendit d'un sourire. Sous l'impulsion de son Marteau Divin, cette malheureuse gelée et sans doute un objet quelconque trainant dans son palais crasseux avaient libéré leur quintessence pour former cet anneau parfait.
-... Gelano, c'est ainsi que je te nomme, murmura t'il entre ses dents.
Et, très fier de sa création, Osamodas convia alors les autres Dieux pour un banquet, et tous répondirent présents : grâce à ses Amakno-Rochers, les receptions de l'Osamodas sont toujours un succès.

Le Gelano passa entre toutes les mains : si les Dieux le trouvaient esthètiquement parlant d'un gôut assez contestable, ils s'extasièrent tous en revanche devant l'aura de puissance qu'il dégageait.
Les choses auraient pu en rester là... mais c'était sans compter sur la cupidité et l'avidité des Dieux. Dejà la soirée était bien entamée : Pandawa s'esclaffait au coté d'une déesse Feca titubante qu'elle avait entrainé dans un jeu à boire. Iop se défoulait sur un poutch sous l'oeil blasé d'Enutrof et celui endormi de Sadida, tandis que Crâ et Eniripsa admiraient l'épée dansante de Sacrieur. C'est donc au milieu d'un certain chaos qu'Ecaflip approcha Osamodas : l'air engageant, le sourire charmeur, il passa un bras autour de ses épaules et l'invita à jouer son anneau à quelques jeux de hasard. Mais Osamodas, bien qu'aviné, n'était pas si con. L'idée même d'être separé de son divin anneau lui donnait la nausée, et d'un geste machinal, il glissa une main dans sa poche, pour l'effleurer, le tater, verifier sa présence... et ce geste s'éternisa. Un curieux phénomène eut alors lieu sur le visage du Dieu : de pâle, il sembla bleuir, puis son teint vira au rouge brique.
-OUUU EST IL ??! tonna t'il soudain.
En un instant, tous les regards convergèrent dans sa direction. Puis, instinctivement, ils se tournèrent vers Sram. Sram, dissimulé dans un coin sombre de la pièce, dont l'éternel sourire semblait en cet instant un peu crispé.
-Je ne l'ai plus, dit il simplement avec un haussement d'épaules.
Un tintement léger retentit à l'autre bout de la pièce, et ce fut vers Xelor que les regard se portèrent cette fois. Il avait manifestement tenté de se passer l'anneau au doigt, mais empêtré dans ses bandelettes, avait laissé choir le Gelano.
-Oups...
S'ensuivit un long silence tendu, le temps sembla comme suspendu... puis comme un seul homme les divinités se ruèrent sur le Gelano. La cohue qui en résultat mérite d'être passée sous silence, chers lecteurs, sachez toutefois qu'elle prit fin sous l'impulsion de Crâ.
-Ca suffit ! s'écria t'elle alors qu'elle venait de s'emparer de l'anneau.
Et furieuse, elle fixa le Gelano à l'une de ses flêches et l'envoya sans plus de cérémonie sur le monde d'Amakna. Sram lacha les ailes d'Eniripsa, Entrof detacha sa pelle du bouclier de Feca et Pandawa arréta sa chopine à quelques centimètres du crâne de Iop. Peu à peu, tous se regroupèrent, penauds et un peu honteux, autour d'Amakna.
-... Ok, et on fait quoi maintenant ?

Sadako Ven 16 Jan - 20:20

Chapitre II : Du Périple de la Communauté

Le soleil se levait paresseusement sur la Baie de Cania, réchauffant de ses premiers et timides rayons le petit monde d'Amakna. Le jour succédant à la nuit, les sinistres hurlements des mulous avaient cessé, faisant place aux piaillemenst joyeux des matinaux tofus ; les kanigrous s'éveillaient en grognant, les blops se mettaient en mouvement, et des cheminées s'élevaient les premières fumées, des boulangeries les premières odeurs de pain chaud...
Mais concentrons notre attention sur les vastes Plaines de Cania, à la lisière des Landes de Sidimote, là où brisant la quiétude du petit matin, venait de retentir un terible hurlement...
-Où est ma bourrrse ??! Maudit Srrrram, montrrre toi !!
Un disciple d'Enutrof se tenait au centre d'un petit cercle formé par douze tentes. L'air furax, il brandissait une pelle qu'il menacait d'abattre sur la tête du voleur. Son vacarme eut rapidement l'effet escompté, et des tentes jaillirent bientot des têtes encore pleines de sommeil.
-Oh non, pas encore... gémit une disciple de Feca en se frottant les yeux.
De la tente voisine émergea une disciple de Crâ au visage boudeur, qui leva les yeux au ciel.
-Un reveil nor-mal, c'est trop vous demander ? Vous savez, le reveil en douceur, avec le chant du piou, tout ça... marmonna un Xelor.
Près de lui, un Iop s'étirait, les sourcils froncés. Une Pandawa s'extirpa à son tour de sa tente, l'air on ne peut moins reveillé, et jeta une bûche dans le feu mourrant avant de se laisser lourdement tomber au sol.
-Economisez donc votre salive, la journée va être rude... murmura un Sacrieur.
-Ah, ça... répondit une jeune disciple d'Osamodas en lancant de coté un regard à l'irrascible Enutrof.
-Je ne bougerrrai pas d'ici tant que je n'aurrrais pas ma bourrrse ! reprit celui-ci en plantant fermement sa pelle à terre, les regardant d'un air mauvais.
C'est ce moment que choisit le Sram pour sortir de sa tente, affichant un large sourire moqueur.
-Je ne l'ai pas, mais peut être pourrions nous demander à notre amie l'Ecaflip si tu ne l'as pas laissée choir lorsque tu as tenté de visiter sa tente cette nuit, vieux pervers.

L'Enutrof devint alors rouge brique et avant qu'il n'ait eu le temps de répliquer, une bourse tintante et rebondie vint s'écraser sur son visage, lancée par une disciple d'Ecaflip au poil herissé de fureur. Feulante, elle sortit ses griffes et s'appréta à frapper, lorsqu'apercevant un nouveau de ses compagnons sortir de sa tente, elle s'apaisa tout net et baissa les yeux d'un air gêné. Le silence s'abbatit sur l'ensemble du campement tandis que tous observaient la petite silhouette d'un Eniripsa se detacher du groupe. Il alla s'asseoir à quelques mètres, sur une souche d'arbre, et soupira profondemment. Son visage était pâle, ses traits tirés, ses yeux cernés. Il émanait de tout son être un sentiment de faiblesse et de lassitude. Et à son cou, pendait un discret anneau.
-Levons le camp, finit par murmurer la Crâ.
-Mais j'ai pas fini de me coiffer euh ! répliqua le Iop qui s'évertuait à peigner ses cheveux dressés comme un seul bloc sur sa tête.
L'Osamodas le regarda avec consternation tandis que le Sram pouffait de rire. La Feca s'approcha de la dernière tente occupée, d'où s'élevaient de profonds ronflements qui s'interrompirent lorsqu'elle frappa la toile de quelques coups de bâtons. Une disciple de Sadida en émergea péniblement, et les membres de la petite troupe réunirent leurs affaires en silence.
L'ambiance était particulièrement tendue. Devant eux s'étendaient les vastes Landes dévastées de Sidimote, sombres et stériles, qui trop de fois avaient été le terrain des conflits entre Bonta et Brakmar. Ils avaient bien conscience que leur voyage debuté au Chateau d'Amakna n'avait été qu'une partie de plaisir jusqu'ici, et que les choses sérieuses allaient commencer. C'est comme s'ils apercevaient dejà, au delà des mornes landes, la lueur rougoyante de Brakmar, le but de leur périple.
Lorsqu'ils furent tous prets, l'Eniripsa ressera machinalement ses petits doigts autour de l'anneau et murmura :
-Allons y.
Et tous le suivir sans mot dire, car telle était la tâche que leur avait confiée les Dieux.

Sadako Lun 9 Mar - 21:24

III - De la création de la Communauté

"Ô fidèle disciple, aimable serviteur
Qu'il te soit racontée l'histoire de cet anneau
Au pouvoir merveilleux, que l'on nomme Gelano
Qui même parmis les Dieux, sema tracas et peur

L'envie il suscita, la haine il attisa
Les divinités mêmes se trouvèrent possédées
Si bien que des Cieux, l'anneau fut éjecté
Et tomba de ce fait, dans le monde d'Amakna

C'est pourquoi nous vous prions, disciples choisis
D'accomplir cette quête, d'empêcher cet anneau
D'excercer son pouvoir, de corrompre à nouveau
Le coeur d'un Enutrof, d'un Crâ ou d'un Eni

C'est donc ce Gelano que vous devrez detruire
Par la lave et le feu de la rouge Brakmar
Une quête qui tient moins du rêve que du cauchemar
Mais pour le bien de tous, qui se doit d'aboutir."

Le Roi Allister avait marqué un temps d'arret avant de replier soigneusement le parchemin envoyé par les Dieux. Devant lui se tenaient alors réunis douze guerriers et guerrières, chacun ayant été choisi par sa divinité respective pour accomplir cette quête. Ainsi Crâ était-elle apparue à la plus agile de ses disciples, Eniripsa au plus sage, Pandawa à la plus pieuse (comprenez "la plus imbibée"), Sram au plus habile (comprenez le plus malhonnête), et ainsi de suite... leur donnant pour instructions dans un premier temps de se rendre au Chateau du Roi Allister. Tous s'étaient exécutés, animés par le sens du devoir ou simplement piqués de curiosité, et Allister s'était alors chargé de les mettre au courant.
"Vous formez une Communauté désormais, avait-il déclaré de sa voix de basse. La Communauté du Gelano".
"Misèèèèrrrre", avait maugréé l'enutrof.
Tous s'étaient devisagés avec méfiance et consternation, sentiments vite éludés lorsque le Roi leur avait enfin présenté le Gelano. Malgrè les qualités (ou defauts...) qui avaient fait d'eux des élus, leur yeux s'aggrandirent de convoitise et d'avidité, leur mains tremblèrent de l'envie de toucher, de s'emparer de cet anneau qui dégageait une telle aura de puissance... et ils comprirent que la tâche qui leur incombait serait plus difficile qu'elle n'y paraissait. Seul l'éni semblait ne pas y avoir été sensible, et il fut convenu qu'il serait le porteur de l'anneau. Allister le lui remit solennelement (notons au passage qu'Allister était une des rares personnes sur qui l'anneau n'avait pas de prise, peut être parce qu'au fil du temps le Roi s'était quelque peu enrobé et qu'il eut été impossible pour lui d'enfiler le fin anneau à l'un des ses doigts adipeux...).

Tout ceci semblait si loin au petit éni à présent, tandis qu'il titubait comme un pandawa ivre au milieu des Landes de Sidimote, peinant à suivre le reste de la Communauté. Tout était si morne ici... si gris... ces Landes étaient interminables, leur monotonie allait venir à bout de sa volonté, de la force qu'il puisait au plus profond de lui pour resister à l'appel de l'anneau... Il se sentait mélancolique, vidé de toute substance, les bons souvenirs qu'il avait invoqué jusque là avaient deserté tout son être, et il ne restait que ce gris, ce gris et l'appel lancinant, presque douloureux, du Gelano...
A bout de forces, refusant de céder, il s'écroula soudain dans la terre humide. Le petit groupe stoppa net, formant un cercle autour du petit corps inerte.
-Je savais que ça arriverait... murmura la sadida tristement.
-Nous devons trouver un endroit où passer la nuit, il a besoin de se reposer, nous n'atteindrons jamais Brakmar aujourd'hui de toute façon... objecta le sacrieur.
-Dis le chafer, tu repèrrres quelque chose ? demanda l'enutrof.
Le sram lui ljeta un regard noir, mais lanca néanmoins un puissant sort de detection, avant d'indiquer un endroit sur sa gauche.
-Il y a des ruines de ce coté... rien de très acceuillant, je le crains, mais rien qui soit pire que ces terres hostiles.
-Alors allons y, trancha l'écaflipette.
Ils deposèrent le corps de l'eni toujours assoupi dans le large bouclier de la fecatte, et la pandawa se chargea de le porter, sans la moindre difficulté.
C'est ainsi qu'ils pénetrèrent dans Gisgoul, le Village devasté, sous une lune naissante.

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